On ne fuit pas ses obsessions [Alycia]

Un jeune homme marchait d’un pas modéré dans la rue, le dos droit, la tête haute, un sourire en coin au visage. Sourire qui semblait ne pas du tout s’accorder avec l’air pensif qu’il affichait cette soirée-là. Il n’était pas bien tard, vingt-deux heures tout au plus, et le garçon ne semblait pas avoir bu plus que de raison. C’était une nuit froide, de celles où l’on préfère prendre un taxi, mais il semblait avoir suffisamment chaud, vêtu d’une veste noire très chic – qui devait valoir une petite fortune à elle seule –, une écharpe autour du cou. Cette personne, c’était Charles Carter, et il se rendait, comme bien souvent, à l’Atlantis Night Club.

Il pénétra dans le club sans se faire poser de questions, adressant une discrète salutation au gardien. Qu’est-ce qu’un gars comme lui venait faire dans ce genre d’endroit ? Tout simplement ce qu’il faisait le mieux : séduire. Chuck s’était senti las toute la journée, comme fatiguée de son éternelle routine. Il se posait trop de questions, ces temps-ci. Faux. Il se mentait encore à lui-même. En faites, ces derniers temps, il avait une seule obsession, et elle se résumait en deux mots. Deux noms qu’il aurait préféré ne jamais avoir entendus. Alycia Waldorf.

Il avait beau dire, cette fille le rendait complètement fou. Chez les Alphas, une sale journaliste. Pire, la chef de la confrérie. Confrérie qui n’avait absolument rien à voir avec la sienne. Et il avait envie de coucher avec elle plus qu’avec quiconque. D’aussi loin qu’il se souvienne, il n’avait jamais ressenti une attirance aussi forte envers quelqu’un. Il la trouvait belle, désirable et, bien malgré lui, intéressant. Ce n’était pas que son corps de rêve, sa poitrine ou son visage. C’était ce qu’elle dégageait. Cette aura de confiance lorsqu’elle se déplaçait, le ton qu’elle employait lorsque, comme d’habitude, ils s’envoyaient balader respectivement. Chuck avait toujours obtenu ce qu’il voulait, même lorsque l’on parlait d’une fille… Mais cette fois, il faisait face à une impasse. Il ne pouvait pas se faire sa rivale, n’est-ce pas ? Tout le monde savait que Charles Carter et Alycia Waldorf ne pouvaient pas se voir en peinture… Et pourtant, la simple idée de la toucher le faisait frissonner. Il grimaça, avalant son verre d’un trait.

Tout en réfléchissant, il s’était rendu au comptoir et avait commandé quelque chose à boire. « Quelque chose de fort » Pour oublier, aurait-il ajouté s’il avait été un sentimental. Quelques filles le regardaient, de loin, espérant sans doute qu’il les aborde le premier. En temps normal, c’est probablement ce qu’il aurait fait, mais il n’avait pas la tête à ça. « Pas encore », ajouta-t-il intérieurement, tout en avalant le contenu de son troisième verre. Il venait d’en commander un quatrième lorsqu’il remarqua une fille de dos. Une fille qu’il aurait pu reconnaitre entre mille, mademoiselle Waldorf en personne.

Chuck avait bu et, s’il avait une bonne constitution, c’était tout de même assez pour qu’il mette son envie de la provoquer sur les verres qu’il avait bus. Il se leva sans mal, marchant comme s’il était complètement à jeun et s’approcha d’elle dans son dos. La musique était forte et, évidemment, elle n’avait pas pu l’entendre venir. Il savoura son effet de surprise lorsqu’il chuchota tout près de son oreille.

« Alors Waldorf, on vient fêter ? »

Sa voix était grave et peut-être un peu plus rauque que d’habitude, et c’était plutôt parce qu’il la frôlait que parce qu’il avait bu.